Chant funèbre
*
dédié à Albert Caraco.
*
Tant de violence
en ce monde.
Je n’en plus plus.
Je ne peux plus supporter.
Si ce n’est
en détournant les yeux.
J’enrage.
La haine née de cette violence
à laquelle j’assiste
est née de la haine
que les hommes vivent dans leur
violence quotidienne.
*
Les hommes
sont inégaux.
Beaucoup nagent dans leur merde,
Peu surnagent.
Les hommes
– plus que les femmes –
peuvent être,
peuvent se montrer,
d’une cruauté sans égale,
d’une laideur,
d’une horreur,
d’une monstruosité,
sans égales,
inimaginables,
des cieux
jusqu’aux enfers.
Les hommes sans cesse
repoussent les murs de l’horreur
agrandissant cette terre d’infamie
qu’ils volent,
qu’ils violent,
de l’aube au soir.
*
Ils font souffrir
au-delà de l’imaginable
tout ce qui vit sur terre :
leurs semblables,
leurs enfants,
leurs vieillards
leurs parents,
leurs femmes,
leurs animaux,
les plantes,
les paysages,
les écosystèmes,
tout ce qui se voit,
tout ce qui se vit,
tout ce qui rampe,
qui vole,
qui nage,
qui marche,
qui pousse :
ces hommes
ne laissent rien
aux générations futures.
L’Armageddon
n’est pas futur
car de futur
nous n’aurons pas.
L’Armageddon,
c’est chaque jour.
Des millions
d’êtres vivants
chaque jour massacrés.
*
Les hommes polluent,
ils saccagent,
sans cesse
ils pillent,
ils détruisent,
ils annihilent,
ils décapitent,
ils carbonisent,
ils découpent,
ils intoxiquent,
ils bûcheronnent,
ils asphyxient,
ils étouffent,
ils suppriment,
ils mitraillent,
ils massacrent,
depuis
depuis
depuis
que l’homme est l’homme.
L’homme fait la guerre
à tout ce qui vit,
il ne laisse rien en paix,
ni son cœur et son âme
en premiers.
*
Il hait
alors il détruit
Il hait
car il ne se comprend pas
car il ne comprend pas
car il n’a aucun sens
tout lui paraît absurde,
sans limite,
et il ne se retrouve guère,
dans ce qui l’entoure,
il ne se retrouve guère,
dans ce qu’il fait de si horrible
de si dégoûtant,
de si inhumain,
de si révoltant.
*
L’homme est un monstre
il se suicide
il nous suicide
il met fin à toute vie
Presque dans l’indifférence,
encouragé par la folie
de nos civilisations.
Nous y passerons tous
par le feu
par l’acier
par les balles
par le bûcher.
Ainsi
l’air,
la terre,
la mer,
les forêts,
que reste-t-il
qui ne soit détruit, condamné
et pollué à jamais ?
*
La maison brûle
et nous regardons ailleurs.
Jamais les mots
n’ont rien changé.
Demain nous mourrons,
des mains de ceux
que nous avons enfanté.
L’humanité prendra fin
dans le vacarme assourdissant
du vide qu’il aura créé.
Nous n’aurons – bientôt ! – plus de larmes
pour pleurer !
Et aucun dieu
ne nous sauvera
de nos mains ensanglantées.
Amen.
*
13/04/2018
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